Lecture Ephésiens 3v6-19 : « En sorte que (…) vous puissiez comprendre (…) quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Dieu (de Christ) ». Notre société, chacun, y compris nous peut-être, est malade de manque d’amour vrai. Ce n’est pas nouveau. Le problème de cette carence et de cette incompréhension a 2 origines profondes :
- la dimension humaine, parce qu’on ne sait pas aimer son prochain(nous sommes tellement tournés sur nous-mêmes), parce que nous ne savons pas accepter qu’on nous aime (l’orgueil nous aide en cela) et puis peut-être n’avons-nous pas été aimés;
- la dimension divine: nous avons du mal à percevoir que Dieu est amour, car dans ce que nous estimons relever de sa responsabilité il semble faillir. Cela nous semble incompatible de parler de l’amour de Dieu alors même que la souffrance est partout. C’est liée à notre incompréhension de son amour.
On trouve dans ce texte le plus beau verset biblique sur l’amour de Dieu ; et il affirme que cet amour est si parfait qu’il est bien difficile de le cerner. Il en parle – un peu mystérieusement – en prenant des images. Ainsi il parle des 4 dimensions de l’infini. Comment pouvoir donner des dimensions à l’infini… ? Il y a là toute l’incompréhension entre un Dieu que l’on ne peut comprendre et un Dieu qui s’est fait connaître à nous, un Dieu qui s’est fait homme. L’infini a revêtu quelque chose de notre dimension.
Pourquoi Paul insiste-t-il sur cet amour de Dieu ? Pour que, dans sa vie, chacun découvre la plénitude de Dieu et qu’ensuite cet amour se traduise en actes et en paroles (Ephésiens 5v1-2). Et comme le problème du manque d’amour vient certainement d’une mauvaise connaissance de l’amour de Dieu, Paul en fait le centre de sa réflexion.
La largeur de l’ amour de Dieu :
Voyons le contexte : le passage, qui a conduit Paul à parler de l’amour de Dieu, traite de l’élargissement du salut. Jusqu’à la venue de Jésus, ceux qui étaient sauvés étaient presque uniquement des juifs, le peuple choisi. Mais en Jésus-Christ, Dieu offre à chacun cette possibilité : du nord au sud, de l’ouest à l’est, tous ceux qui se tourneront vers Dieu seront sauvés. La grâce de Dieu se manifeste en ce qu’il a envoyé son Fils pour témoigner de cette dimension de son amour : il sauve sans distinction de race, de sexe, de condition sociale. « Les païens participent à la même promesse en Jésus-Christ par l’Evangile » (Ephésiens 3v6).
Comment pouvons-nous à notre tour vivre cette dimension de l’amour selon la Bible ?
. Il est normal que nous manifestions le même intérêt pour tous, pour le peuple d’Israël comme pour ceux du monde entier : par notre prière, notre intérêt, nos dons. Il est nécessaire que nous gardions vivante cette vision de Dieu pour tous ; une vision nombrilique ne reflète pas l’amour de Dieu.
. Dans nos relations personnelles, l’indifférence peut nous gagner ; certaines idéologies (le rejet de certains, le racisme) peuvent être les nôtres. Dans la parabole du Bon Samaritain, Jésus dévoile l’attitude des religieux qui étaient connus comme racistes (Luc 10). Jésus savait s’intéresser à chacun, aussi bien au jeune homme riche qu’au mendiant aveugle, à une prostituée qu’à un percepteur qui trafiquait avec l’argent. L’acceptation de cette dimension de l’amour de Dieu résoudrait en grande partie le problème du racisme.
L’amour du Seigneur est sans limite ; il ne dépend pas de l’apparence de celui qui s’approche de lui.
La longueur de l’ amour de Dieu :
«Bien avant de poser les fondations du monde, Dieu nous avait choisis pour que nous soyons saints et sans reproche devant lui » (Ephésiens 1v4) : la longueur de l’amour de Dieu se manifeste dans le temps.
Déjà Dieu avait affirmé envers Israël : « Je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je te conserve ma bonté » (Jérémie 31v3). « Avec un amour éternel, j’aurai compassion de toi, dit ton Rédempteur, l’Eternel » (Esaie 54v8). Dieu est amour dans la Bible.
- Il nous aime depuis toujours ; malgré la présence du péché, il a tout préparé pour nous combler de ses bienfaits. Cela est réconfortant pour un enfant de savoir que ses parents l’aimaient même avant qu’il arrive dans la famille ; il sait que cet amour n’est pas lié à son bon comportement mais qu’il est un amour inconditionnel.
- Dieu nous aime constamment : son amour ne varie pas selon ce que nous sommes. Il nous aimera toujours, demain comme aujourd’hui. Certitude ! Nous ne sommes pas à la merci de ses sentiments fluctuants. Dieu est fidèle dans son alliance. Le malheur vient de ce que nous faisons un Dieu à notre image, donc changeant. Non, Dieu ne change pas.
. Qu’est-ce que cela devrait entrainer dans notre comportement ? Il nous faut parler de persévérance, de volonté, être pénétré de l’engagement que nous avons pris d’aimer, sans nous relâcher. Mais cela m’aide à le vivre quand j’ai compris comment Dieu m’a aimé et continue à m’aimer, malgré tout… Il est presque bon ton aujourd’hui de zapper, d’être girouette, d’aimer, de ne plus aimer (et donc de ne pas se marier officiellement, par exemple) ou d’oublier d’aimer en étant indifférent ; un rappel : si nous sommes chrétiens, le fait d’aimer chacun, déjà dans l’Eglise où nous sommes, n’est pas quelque chose de facultatif ; et ça, c’est plus difficile à admettre et… à vivre.
Les problèmes de culpabilité pour le chrétien viennent de l’oubli de la longueur de l’amour de Dieu : il m’aime d’un amour inconditionnel. Les problèmes de relations dans une Eglise viennent de cet oubli de la longueur de l’amour que nous devons manifester.
Nous sommes appelés à regarder vers Dieu et à vivre unis à Christ : comme Dieu nous a aimés et nous aimera toujours, nous pouvons aimer de la même manière, être pénétrés de son amour, cet amour qui ne change pas (Ephésiens 5v2).